Bouts de bouts de rencontres en thérapie et ailleurs ...

Kimonométrique !

© Benoît Dumont - 10 juin 2024 - # En thérapie

L’autre jour, dans une grande surface, qui, forcément, abrite de grands rayons, il y avait cette maman et son petit garçon dans le rayon biscuits que j’aime fréquenter (je parle du rayon, je ne connais pas la maman), elle dit : « Tu peux choisir un biscuit... mais un seul, dépêches-toi ! »


Je ne sais pas ce qui s’est passé mais j’ai pensé qu’elle s’adressait à moi. Le petit m’a regardé, on s’est regardé, on a regardé la maman qui ne nous regardait pas, on s’est encore regardé, on a regardé le très grand rayon. Un rayon kimonométrique en réalité (oui, dans cet état mon élocution devient curieuse, ici c’est un peu comme ce que tu peux ressentir quand tu montes sur un tatami et que ton adversaire est vraiment grand, c’est ça kimonométrique). Qui, du petit ou de moi, pouvait au mieux aider l’autre. Pas sûr que je sois celui-là.

Hardiment, le petit s’est emparé d’un paquet de barquettes framboises parce qu’il était juste à sa portée j’imagine et que le larcin était facile. « Un tu l’as vaut mieux que deux tu l’auras » qu’il semblait me dire avec ses grands yeux philosophes. Alors, pris par une sorte d’urgence et la crainte du manque j’ai rapidement pris les mêmes biscuits, un peu comme si je lui disais « oui, super choix, filons d’ici, on verra ce qu’il y a dans le sac une fois à l’abri des regards ». Il est parti vers le caddie de sa maman, ils ont quitté le rayon kimonométrique.

Moi, je me suis retrouvé à la caisse, dans la file, et j’ai vu que ma main tenait une barquette framboise, cette main accrochée étrangement à mon bras qui lui-même était fixé, par je ne sais quel stratagème, à mon épaule. Entre cette dernière et mon cerveau, plus de connexion par contre. Panne de réseau sans doute.

Ça m’arrive aussi en consultation. Alors j’ai dit à ce monsieur que le moyen le plus rapide de l’aider était sans doute de lui prescrire des barquettes framboises mais qu’à son âge je ne pensais pas que sa maman nous attendait au bout du rayon et que, par ailleurs, on ne m’y reprendrait pas.
Bon, évidemment, j’ai dû lui expliquer alors je lui ai raconté mon histoire de grande surface.

on n’est quand même pas obligés de traverser nos vies comme on traverse un rayon de biscuits. Aussi kimonométriques soient-elles. Bon sang.

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